7 & 8 septembre 2015
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Jour 1 :
Grenoble » Savines le Lac Col de la Croix de Fer – Col du Télégraphe — Col du Galibier
247 km • 4958 D+
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Jour 2 :
Savines le lac » Sisteron
95 km » 1230 D+
— Le Col du Galibier…
Ça faisait un moment que j’en rêvais, depuis Marseille et sans voiture, ce n’est pas une mince affaire à organiser, d’autant que la D1091 est actuellement et pour un temps indéfini fermée à la circulation, empêchant la grande boucle au départ de Grenoble.
Qu’à cela ne tienne, le beau temps étant encore présent cette semaine je me dis que c’est la dernière sortie sur les hautes routes des Alpes possible pour cette saison et file dans un train pour Grenoble dimanche soir comptant rallier Briançon, Embrun, Gap ou Sisteron lundi en fin de journée et selon l’envie.
5h du matin et me voici sur la route, toujours entouré de ces fumées fantomatiques dont j’ai maintenant l’habitude.
Je comprends très vite que quelque chose ne va pas, je n’ai pas de jus dans les jambes et l’ascension vers le Col de la Croix de Fer est un enfer.
Très long, très lent. Il fait très froid et l’ombre est tenace.
J’aperçois au loin, en haut, dans le reflet des cours d’eau le soleil chauffer les cimes et enfin au détour d’un lacet il apparait.
Ça me relance un peu, mais pas longtemps, je m’arrête beaucoup, prends des photos, observe les chèvres… Je perds un temps considérable et le moral est au plus bas. C’est beau oui, mais j’avance pas.
Comment faire ? Une fois engagé à ce point, tout retour serait aussi épuisant qu’aller de l’avant et passé une somme de questions interminables, je m’engage presque par automatisme sur le Col du Télégraphe.
La tête dans le guidon à rythme régulier, je l’avale d’une traite et file dans la descente à toute vitesse vers Le Galibier.
Je me rends compte que j’ai rattrapé pas mal de temps et que si j’assure dans le col final il est tout à fait jouable que je rejoigne Briançon à temps.
Oui mais non, à cinq kilomètres du sommet je cale net, trop dans le dur les crampes reviennent, ça faisait longtemps… Obligé de m’arrêter pour me détendre et reprendre comme une tortue…
En haut, je me dépêche, ça caille sévèrement, je me couvre comme il faut et j’attaque la descente vertigineuse à bloc, je double les voitures, me couche sur mon vélo, prends des chouettes trajectoires, j’y crois et je me fais plaisir.
Mais non, encore.
Malgré tous mes efforts j’arrive une demi heure trop tard pour le dernier train et mes tentatives de rallier d’autres gares sont autant d’échecs.
C’est finalement gelé vers 22h que j’opte pour un des rares petits hôtels sur la route, je suis seul, pas dans un Brevet, je suis épuisé, à bout de nerf, j’y vois plus rien, ma vue se trouble, s’en est fini pour aujourd’hui avec un sentiment étrange de challenge réussi mais pas dans les bonnes conditions.
Les mots réconfortants de ma compagne et amis me redonneront le moral et j’en m’endors sans broncher.
Au matin, avec la vue somptueuse qui s’offre à moi, je me dis que journée foutue pour journée foutue autant en profiter.
C’est pas la forme olympique mais suffisamment pour grimper encore un peu et je décide de contourner le Lac de Serre-Ponçon par le sud, côté petite route en lacets, tout en toboggan.
C’est magnifique, ça monte sec puis ça descend fort, immanquable en fait.
Au bout je prends je crois la bonne décision, filer sur Sisteron par la petite route, après un petit col à passer c’est 30 km de descente jusqu’à bon port, en toute tranquillité sur ce chemin quasi désertique. Assez stressé par l’heure je profite quand même de cette route serpentée en très bon état, dotés de panoramas fabuleux, un détour qui valait le coup !
Au final, deux jours épiques à bout de force dans des paysages impressionnants, majestueux.
J’ai déjà le sentiment que cette aventure sera marquante, j’ai tutoyé mes limites sur ce coup et ça laisse forcément des traces…
— Le tracé Strava du Galibier par ici